Rebeles Nord Katanga

Alors que le M23 consolide ses positons dans les territoires laissés sous son contrôle dans le Nord-Kivu et que le district vit toujours une situation de calme précaire, le virus de l'instabilité est en voie d'atteindre la province du Sud-Kivu et le Nord-Katanga.

Apparemment, l'enlisement des négociations de Kampala entre le Kinshasa et le M23 a laissé de l'espace à d'autres aventuriers qui pullulent dans l'Est de la RDC pour emboîter le pas à l'action du M23. En acceptant de se mettre autour d'une table avec le M23, indexé comme force négative par les Nations unies, Kinshasa s'est laissé piéger. D'autres qui rêvent de se retrouver dans la même situation en ont trouvé une belle occasion pour se faire prévaloir à leur tour.

Ainsi, à l'instar de l'Ituri où des groupes qui y opèrent se sont regroupés dernièrement autour d'une coalition de groupes armés de l'Ituri, d'autres qui évoluent dans le Sud-Kivu viennent de faire de même en se coalisant autour d'une Union des forces révolutionnaires du Congo (UFRC). Cette coalition s'est définie comme un mouvement «politico-militaire ».

Et comme s'il n'en suffisait pas, le Nord-Katanga, rapporte une dépêche de l'agence Reuters, est en proie aux groupes armés. Alors que les négociations pour ramener la paix dans le Nord-Kivu sont toujours en panne à Kampala, indique Reuters, la riche province minière de la RDC, notamment sa partie Nord, est en train de subir à son tour la loi des groupes armés. Les populations, confirme la source, ont été obligées de fuir des accrochages de plus en plus fréquents.

Selon Reuters, une partie du Nord-Katanga, vers les rives du lac Tanganyika, souffre de l'activité de deux groupes armés : les Kata-Katanga, qui se veulent sécessionnistes, et les Maï-Maï Gédéon qui n'ont pas de cause à défendre, sinon celle du pillage. La motivation du réveil de ces deux groupes armés serait d'ailleurs surtout pécuniaire, selon le porte-parole militaire de la force des Nations unies, la Monusco, le colonel Félix Basse : «Les Maï-Maï Gédéon et les Kata-Katanga ont commencé à étendre leur influence pour contrôler d'abord les sites miniers, parce qu'il faut aussi voir qu'il y a des implications économiques en premier surtout ».

Ces dernières semaines, les miliciens auraient subi des pertes face à l'armée régulière. La population est obligée de se déplacer, notamment dans la région de Pweto. Côté Nations unies, on regrette que les moyens soient limités. «Il faut reconnaître humblement qu'il n'y a pas une présence forte. Mais nous sommes là aux côtés des FARDC. Nous continuons à les appuyer, à leur fournir toute l'assistance dont ils ont besoin pour mettre un terme aux activités des Kata-Katanga et de Gédéon », assure le colonel Basse.

L'irruption de l'insécurité dans d'autres coins de la partie orientale de la RDC est inquiétante pour la survie de la RDC. C'est la preuve que le projet de la balkanisation a pris sa dernière ligne droite. Tout est mis en place pour effacer de la mémoire collective des populations l'idée de l'Etat congolais. Il s'agit, en principe, de créer le vide en multipliant des organisations qui dénaturent l'Etat dans son rôle.

Il faut éviter que cette ceinture d'insécurité ne se consolide jusqu'à empêcher l'Etat congolais à affirmer son pouvoir. La solution passe donc par le rétablissement de la puissance publique en ramenant l'ordre dans les rangs. C'est le seul moyen d'empêcher ces aventuriers de défier régulièrement, comme c'est le cas depuis les années 1990, l'Etat congolais.

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