A cause de la convoitise des puissants qui régentent ce monde, le grand Congo risque de n'être plus un don béni. Ourdi depuis la nuit des temps, le complot pour sa balkanisation et son implosion est toujours à l'ordre du jour. C'est la dure réalité qui a poussé quelques penseurs congolais à tirer la sonnette d'alarme, avec des preuves irréfutables à l'appui. Tout cela est contenu dans un livre de 416 pages intitulé : «La République démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d'implosion ». Lancé le samedi 9 février 2013 à l'hôtel Sultani de Kinshasa, il a été baptisé par Théophile Obenga, égyptologue et ministre d'Etat de la République sœur du Congo.

Samedi 9 février 2013, la salle Suzanne Muk de l'hôtel Sultani a revêtu sa robe de fête. Car un grand événement va se produire : le baptême d'un livre qui va sûrement éveiller la conscience des natifs du «pays des inconscients ». Il a pour titre : «La République démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d'implosion ».

C'est le produit des recherches minutieuses entreprises par neuf scientifiques congolais. Ils ont pour noms : Freddy Mulumba Kabuayi, Bucyalimwe Mararo Stanislas, Kibanda Matungila, Jean-Pierre Mbelu, Rémy K. Katshingu, Philippe Biyoya Makutu Kahandja, Emmanuel Kabongo Malu, François Mukoka Nsenda et Alphonse Kazumba K. Thiteya. Edité par l'Institut congolais de recherche en développement et études stratégiques (ICREDES), il a pu voir le jour grâce à l'appui de l'ONG sud-africaine OSISA.

Pour cette journée mémorable, la crème de l'intelligentsia congolaise ne cesse d'affluer à l'hôtel Sultani. L'événement mérite d'être vécu. Le professeur Mbaya J. Kankwenda, directeur général de l'ICREDES, le souligne si bien - en paraphrasant Cicéron - «...Si pour Rome, Catilina était aux portes de la ville ; pour la RDC, Catilina est déjà entré dans le pays. L'heure est donc grave ».

Grave, voilà le mot. Ce qui justifie le déplacement du ministre d'Etat du Congo-Brazaville, débarqué à Kinshasa spécialement pour baptiser l'ouvrage. On remarque aussi la présence de quelques parlementaires de la République démocratique du Congo, tels que le sénateur Modeste Mutinga Mutuishayi, président du Groupe de presse «Le Potentiel », auteur d'un autre livre qui avait fait mouche : «RDC, la République des inconscients ». Il y a aussi, entre autres, le député national Fayulu et Fridolin Kasweshi Musoka, ministre de l'Aménagement du territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction.

C'est dans une ambiance chaleureuse que Bienvenu-Marie Bakumanya, maître des cérémonies, va présenter le programme de la manifestation après l'animation du groupe Cosmos de Livulu qui a égayé l'assistante avec une saynète on ne plus interpellatrice dont voici le message essentiel : «La République démocratique du Congo est devenue une marchandise à vendre.

Il n'y a même pas de recensement. Le livre est écrit pour démontrer les complicités internes et externes du plan de la balkanisation du Congo. Tentatives de balkanisation et d'implosion justifiées par les nombreuses guerres et rébellions qui ont émaillé le pays avec leur lot de morts. Ainsi il y a eu l'AFDL, le CNDP, Laurent Nkunda, Mutebusi, et aujourd'hui le M23 ».

«NOUS METTRE DEVANT UN FAIT ACCOMPLI »

Ensuite, le mot de circonstance de l'ICREDES est prononcé par le professeur Obadée Kibanda Matungila, coordonnateur des programmes. Ce dernier commence par définir la mission de l'ICREDES, avant d'adresser ses remerciements à OSISA qui a édité cet ouvrage. Il précise que, créé par le professeur Mbaya Kankwenda, cet institut se veut un laboratoire d'idées.

C'est Roger Mvita d'OSISA qui succède au coordonnateur des programmes de l'ICREDES pour présenter sa structure créée en 1997, et dont le but est de créer une société ouverte en Afrique australe, tout en participant aux différentes sphères de la vie politique. Il déclare que c'est en janvier 2007 qu'a été créé le programme OSISA/RDC.

Parmi ses objectifs, il y a, entre autres, l'appui à la réforme de la justice et la promotion de l'égalité des sexes. OSISA essaie aussi d'appuyer des recherches et publications.

En appuyant la publication du présent ouvrage, OSISA pense contribuer aux débats sur la guerre de partition du Congo. Car, reconnaît Roger Mvita, c'est un livre d'actualité qui fait une analyse profonde des guerres dans l'Est de la République démocratique du Congo.

Son tour venu, le professeur Justin Kankwenda Mbaya fait la présentation de l'esprit du livre. Selon lui, la RDC est considéré comme un Etat fragile, en faillite. Dans un tel climat, dit-il, les rébellions, les guerres, les invasions deviennent monnaie courante. Le but inavoué est de fatiguer l'opinion par les guerres et la pousser à accepter le fait accompli de la balkanisation. C'est pour cela que certains professeurs et le Groupe de presse «Le Potentiel »ont organisé des débats qui ont abouti à la sortie de ce livre.

Pour sa part, le membre de la Société civile Pierre Mbemba s'est donné pour tâche la lecture commentée de ce livre contenant douze chapitres. Ce lecteur fait remarquer que l'introduction du livre explique en détail et dans une perspective historique, le complot de la balkanisation et de l'implosion de notre pays, ce pays doté par le Seigneur d'immenses richesses et ressources naturelles, grand comme l'Europe occidental, au centre du dispositif géostratégique.

Il fait voir que l'ensemble des contributions qui structurent cette œuvre collective sont regroupées autour de quatre parties qui comprennent chacune trois chapitres. L'ouvrage entier fait douze chapitres.

Le lecteur Pierre Mbemba souligne qu'au premier chapitre de la toute première partie consacrée au complot de la balkanisation à l'épreuve des faits, Freddy Mulumba Kabuayi ouvre le débat en retraçant l'histoire de principaux événements et tentatives de balkanisation du pays, avec leurs mythes et réalités, leurs modes d'orchestration et de déclinaison, leurs logiques ou leurs stratégies, ainsi que leurs acteurs, visibles et invisibles, mais également leurs enjeux et leur dénouement.

Le lecteur offre une palme spéciale à Bucyalimwe Mararo Stanislas, qui a écrit, à lui seul, trois chapitres. Ecrits dont le premier reproduit chronologiquement la liste exhaustive des péripéties qui marquent la succession des troubles et des conflits sanglants qui ont eu à sonner le glas de l'instabilité récurrente dans le Nord-est de la RDC depuis les années de l'indépendance.

ROLE AMBIGU DE LA MONUSCO
Au cours des débats, Emmanuel Kabongo Malu - qui discute de la décadence et de la disparition de l'identité collective des Congolais comme peuple historique - a affirmé que le Congo se caractérise par un niveau très faible de conscience nationale. Selon lui, l'ONU a empêché l'Etat congolais de se construire une armée nationale. Et il a lâché : «C'est comme un gouvernement parallèle. L'argent dépensée par la MONUSCO est une dette que nous allons payer ». Pour lui, les politiciens qui vont aller au Dialogue national doivent se résoudre à dire à la MONUSCO de partir. «La MONUSCO est complice de malheurs de la République démocratique du Congo », a-t-il conclu.

Dans son mot de clôture, le professeur Mukoka Nsenda a reconnu à quel point l'ICREDES est redevable au Groupe de presse «Le Potentiel »et «Télé 7 », particulièrement à son président directeur général, le sénateur Modeste Mutinga Mutuishayi, à son administrateur directeur général Freddy Mulumba Kabuayi, ainsi qu'à l'ensemble de son personnel, pour l'appui apporté tout au long du processus de préparation et d'élaboration du livre jusqu'à sa présentation.

Avant de procéder au baptême du livre - clou de l'événement - le professeur Théophile Obenga commence par faire remarquer qu'il aurait pu s'intituler : «La République démocratique du Congo contre le complot de balkanisation et d'implosion ». Il fait ensuite remarquer que la RDC ne peut constituer une grande puissance qu'avec une armée forte, un système administratif capable de contrôler tout le territoire national et une diplomatie efficace. Selon lui, on ne connaîtrait pas ce problème si tous ces préalables étaient réunis.

Analysant les malheurs de la RDC, le ministre d'Etat Théophile Bemba conclut : «C'est parce que vous êtes faible, c'est la fragilité des Etats qui est à la base de tout cela ; surtout quand on a un système économique et une armée faibles. Ainsi, il faut vaincre sa propre fragilité ». Selon cet égyptologue, le dialogue ne va pas satisfaire tout le monde et l'Occident veut que la RDC soit un pays fragile.

Il a fini par faire remarquer que l'Afrique est trop fragile et l'Occident n'a pas de matières premières, raison pour laquelle il ne veut pas que l'Afrique soit forte. Il a fini par avertir : «Maintenant, l'Asie vient aussi...Nous avons les matières premières pour faire la force des autres ».

Publié le lundi 11 février 2013 07:55
Écrit par DONATIEN NGANDU MUPOMPA

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