Profitant de son nouveau statut de président non membre du Conseil de Sécurité, le Rwanda est en train de planter le décor d'un Etat minier. Il ne se passe plus un jour sans que ses plénipotentiaires à quelque niveau des responsabilités que ce soit n'investissent les médias internationaux pour annoncer la découverte de tel ou tel gisement minier sur leur petit territoire. Tantôt, c'est un appel lancé en direction des entreprises minières inconnues dans ce domaine pour venir signer des contrats avec le gouvernement de Kigali. Notamment, Saphira Miners, Rogi Mining, TransAfrica et EMR Ressources. Ces entreprises sont invitées à procéder aux travaux de prospection, de production et de commercialisation des minerais. Toujours selon Kigali, ces sociétés minières sont invitées à faire passer les revenus miniers, actuellement plafonnés à 136,6 millions des dollars Us à la somme de 409 millions, soit du simple au double. Kigali a annoncé que son sous sol contient des réserves énormes en or, cuivre, zinc, argent, nickel, etc. De qui se moque-t-on?

Ces informations devraient plutôt réveiller le commun des mortels congolais. Que diantre Les décideurs politiques congolais semblent plongés dans un sommeil profond et inimaginable au moment où l'Etat agresseur annonce détenir des gisements miniers importants dans son sous sol. Des gisements si importants, car des sociétés minières ont déjà conclu des contrats de prospection et de production de nature à générer des recettes approchant le demi milliard des dollars en 2017. Où sont situés ces gisements ? Comment se fait-il que les sites contenant ces gisements n'ont jamais été signalés par les études géologiques réalisées par les services publics de la puissance coloniale belge ? Pourquoi ces gisements des matières précieuses n'ont jamais été exploités par de creuseurs artisanaux à l'époque du régime de feu le président Juvénal HABYARIMANA ? Peut-on disposer des gisements d'or sans que les paysans ne s'en aperçoivent ? L'étroitesse et la petitesse du territoire rwandais et surtout la forte densité démographique ne peuvent pas laisser demeurer inconnus des gisements aussi importants des matières précieuses pendant si longtemps d'autant que ce sont des sujets d'origine asiatique qui avaient eu toujours le monopole du petit et grand commerce au Rwanda depuis les temps immémoriaux de la période coloniale jusqu'au régime de feu HABYARIMANA. Or, ce sont eux qui excellent dans l'exploitation artisanale et le trafic illicite des matières précieuses dont notamment l'or et l'argent.

En RDC voisine, n'est pas ces sujets ouest-africains et asiatiques qui avaient été les tout premiers exploitants et trafiquants des matières précieuses ? Utilisant souvent des ouvriers artisanaux autochtones sous-payés, avec la complicité des autorités politiques et administratives locales. Au Congo, ce n'est pas par un hasard du calendrier que les sujets ouest-africains et asiatiques ont toujours choisi comme lieux de résidence des localités ou chefs-lieux des provinces où se trouvent des gisements des matières précieuses importantes, notamment l'or, le diamant, le coltan, etc. Notamment, le grand Kivu, la Province Orientale, les deux Kasaï et tout récemment le Bandundu. Il en est ainsi de tous les pays dotés des gisements importants des matières précieuses comme la Sierra Léone, le Ghana, la République Centrafricaine, l'Angola pour ne citer que ceux-là.

Gare aux contrats léonins en RDC

Les Congolais devraient surveiller les différents contrats miniers signés depuis peu par leur gouvernement. Car, il est probable que les sociétés de droit rwandais, sous couvert des statuts des S.A.R.L. et dont les sièges sont situés dans les paradis fiscaux des IIes Vierges, Caïmans et des Bahamas, aient déjà conclu en catimini des contrats miniers léonins pour l'exploitation des gisements riches en matières précieuses situés particulièrement dans les territoires de l'Est.

Que l'on cesse d'être distrait alors que des choses bizarres se déroulent au noir. Que l'on cesse d'être distrait par ces différentes motions de censure, des interpellations et des questions orales dans ce parlement dominé par une majorité mécanique et une opposition irresponsable On comprend dès lors la face cachée de l'iceberg entourant ces guerres récurrentes et interminables qui sévissent depuis près de vingt ans sur les territoires de l'Est sous des prétextes tout aussi fallacieux que mensongers claironnés régulièrement par le régime de Kigali et son complice de Kampala. Par ailleurs, du fait de sa forte densité démographique et de la petitesse du territoire Rwandais, l'exploitation de ces gisements devra s'effectuer douloureusement par des déplacements massifs des pans entiers des populations rwandaises. Vers où alors ? Etant entendu que l'exploitation industrielle de tels gisements demandent des financements colossaux pouvant amortir ces investissements que dans une période de dix ans. Il est donc incroyable que ces sociétés citées par le gouvernement de Kigali puissent doubler les revenus miniers dans un espace de deux quatre ans. Preuve s'il en faut une que ce sont des gisements situés dans les territoires de l'Est de la RDC, très riches en matières précieuses qui sont visés. Affaire à suivre.
F.M.

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