Soldats FARDC

Des militaires congolais combattent contre le M23 près de Goma, le 15 juillet. | REUTERS/STRINGER

La traque aux groupes armés dans le Nord-Kivu est lancée avec, dans le rôle du traqueur, pour la première fois, les Nations unies. C'est par une alerte sur son compte Twitter que la mission de l'ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a d'abord prévenu de l'imminence d'une "annonce importante", avant d'affirmer dans un communiqué qu'elle donnait quarante-huit heures aux rebelles se trouvant à Goma ou dans les localités au nord de la ville, pour désarmer.

Sont visées toutes personnes armées "ne faisant pas partie des forces de sécurité nationales". Passé ce délai, expirant jeudi 1er août à 16 heures, elles "seront considérées comme une menace imminente de violence physique à la population civile, et la Monusco prendra toutes les mesures nécessaires, y compris l'usage de la force, pour les désarmer".

L'ultimatum s'adresse à "toutes les milices " présentes dans la région, soit une vingtaine de groupes armés, mais vise surtout le Mouvement du 23 mars (M23), qui a repris les combats avec l'armée congolaise le 14 juillet, provoquant la mort d'au moins 130 personnes.

Souvent accusée d'inefficacité, la plus importante opération de maintien de la paix aurait-elle l'intention de passer à l'offensive ?

"Nous n'avons pas l'intention d'entrer en guerre, non, mais trop d'armes circulent dans la région, ce qui augmente le sentiment d'insécurité", insiste un fonctionnaire des Nations unies, rappelant que la zone compte plus d'un million de civils et 70 000 personnes déplacées vivant dans des camps. La prise de Goma par les rebelles du M23, fin novembre 2012, sous le regard impuissant des casques bleus, a contribué à la décision, en mars, du Conseil de sécurité de l'ONU de doter la mission d'une brigade d'intervention rapide.

MANDAT "OFFENSIF" DES CASQUES BLEUS

Bénéficiant d'un mandat "offensif", ses 3 000 hommes sont censés "neutraliser les groupes armés" et agir aux côtés des 17 000 casques bleus de la Monusco. Les 2 000 Tanzaniens et Sud-Africains déployés depuis mai à ces fins, et chargés jusqu'ici de sécuriser Goma, pourraient ainsi voir leur zone d'action s'étendre, avant d'être rejoints prochainement par un contingent du Malawi.

L'ONU compte instaurer, en coopération avec les forces armées congolaises (FARDC), une zone de sécurité partant de l'ouest de Goma, à partir de la ville de Saké, pour s'étendre sur tout le nord de la capitale provinciale et finir à la frontière rwandaise. Le but étant de garder ce périmètre le moins précis possible afin de conserver une certaine marge de manoeuvre, explique une source proche du dossier.

A terme, affirme la Monusco dans son communiqué, "la zone de sécurité pourra être élargie et reproduite ailleurs, le cas échéant".

Depuis la mi-mai, le M23 a mené des attaques répétées dans la région contre les FARDC, "dans une tentative apparente de progresser sur Goma et Saké", affirme le communiqué. D'où la mise en garde des Nations unies, qui intervient alors que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) annonce une augmentation "alarmante" des agressions sexuelles dans le Nord-Kivu, avec 705 cas recensés depuis janvier - soit sept fois plus qu'en 2012 à cette période –, dont plus de la moitié perpétrées par des hommes en armes.

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