Un Casque bleu a été tué et trois autres ont été blessés mercredi dans l'est de la République démocratique du Congo où des hélicoptères et l'artillerie de la force de l'ONU en RDC ont pilonné des positions des rebelles du M23 en soutien aux forces de Kinshasa. «L'opération (menée par la Monusco au nord de Goma) est toujours en cours et nous venons d'apprendre qu'un Casque bleu a été tué et trois autres blessés», a indiqué un porte-parole de l'ONU à New York, Farhan Haq.

Un peu plus tôt, la Monusco avait annoncé à Kinshasa que ses hélicoptères de combat et son artillerie avaient ouvert le feu aux cotés des forces armées congolaises (FARDC) contre des positions des rebelles au nord de la capitale de la province du Nord-Kivu. Selon un communiqué de la Monusco, ses hélicoptères se sont «engagés»sur les collines de Kibati alors que «l'artillerie de la Brigade d'intervention (de la Monusco) et celle des FARDC (les forces gouvernementales congolaises) entraient en action contre les positions du M23».

Ces bombardements ont visé une zone située à une quinzaine de km au nord de Goma, où les affrontements intermittents entre l'armée régulière congolaise et le mouvement rebelle formé en mai dernier ont repris il y a une semaine. Le M23 «utilisait ces positions pour bombarder des zones peuplées», a souligné Haq à New York. Les tirs s'étaient calmés au cours des deux derniers jours mais ils ont repris mercredi matin. Selon le porte-parole du l'ONU à New York, les FARDC ont engagé des hélicoptères de combat, des chars d'assaut et des troupes au sol tandis que les forces de la Monusco, «y compris la Brigade d'intervention», utilisaient ses hélicoptères et son artillerie.

La Monusco s'est dotée d'une brigade d'intervention qui devrait compter 3 000 hommes à effectifs pleins mais n'est pas encore totalement opérationnelle. Ils doivent renforcer la Monusco et ses 17 000 hommes souvent accusés d'inefficacité.

Les casques bleus sont déjà intervenus aux cotés des forces congolaises jeudi, après que des obus étaient tombés sur les faubourgs de Goma et près d'une base des Nations unies, puis ce weekend après que de nouveaux bombardements qui ont fait au moins deux morts dans la population. Selon un major des FARDC sur la ligne de front et interrogé au téléphone par l'AFP, les pilonnages ont été «très violents»avant de se calmer mercredi en fin d'après-midi. Ils pourraient présager une offensive terrestre afin de faire reculer le Mouvement du 23 mars et mettre Goma hors de portée de son artillerie, a expliqué à l'AFP une source militaire occidentale. Dans un communiqué, le M23 a dénoncé une «offensive de grande envergure»sur toutes ses positions. Selon lui «plusieurs brigades d'infanterie FARDC et FDLR appuyées par des dizaines des chars et d'hélicoptères de combat, les troupes de la Brigade d'Intervention y compris, sont simultanément mis à profit et font face présentement à nos troupes sur l'axe Kanyarucinya-Kibati et à Mutaho», des localités au nord de Goma. «Notre Mouvement, conclut le M23, constate que le choix de la violence fait par le gouvernement de Kinshasa pour le règlement de la crise est une mesure de rupture des négociations de Kampala»ouvertes sous l'égide de l'Ouganda après que le M23 se fut brièvement emparé de Goma en novembre.

Pas de solution militaire selon l'ONU

A Kinshasa, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Martin Kobler, chef de la Monusco, a expliqué que celle-ci «combattait»aux cotés de l'armée régulière contre les groupes armés «qui ont ciblé la ville»et que cette action était destinée à «éliminer les menaces qui viennent des collines».

La mort de civils tués par des obus près de Goma le weekend dernier avait entrainé des manifestations contre la Monusco dont le mandat est de protéger la population. Deux manifestants ont été tués et les Casques bleus urugayens ont été accusés par des témoins d'avoir tiré sur la foule mais l'Uruguay a démenti, accusant la police congolaise d'être responsable. «L'action militaire n'est pas une solution magique», a toutefois averti M. Kobler, appelant à la poursuite des discussions de Kampala actuellement en panne.

Le M23 est constitué d'anciens militaires congolais rwandophones qui se sont mutinés et ont trouvé, selon la RDC et les Nations unies, un appui -en hommes et en munitions- auprès des gouvernements ougandais et rwandais. Mais ces deux pays limitrophes nient toute assistance au mouvement rebelle.

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