La Haut commissaire adjointe des Nations unies aux droits de l'Homme, Mme Flavia Pansieri, a, au cours de sa première visite de travail en RDC, évalué la situation des droits de l'Homme et la complexité des défis liés à la protection des civils dans ce pays. Elle a fait la restitution de sa mission hier mercredi à Kinshasa devant un parterre de journalistes.

Arrivée le jeudi 22 août à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, la Haut commissaire adjointe des Nations unies aux droits de l'Homme, Mme Flavia Pansieri, a terminé sa visite de travail hier mercredi 28 août à Kinshasa. Cette haut fonctionnaire de l'Onu a, à cet effet, «eu honneur »de participer à la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco au cours de laquelle elle a fait une déclaration aux professionnels des médias sur sa première mission en République démocratique du Congo.

D'entrée de jeu, Mme Flavia Pansieri a déclaré qu'il était important, six mois après sa prise des fonctions, d'effectuer son premier déplacement en RDC, «non seulement en raison de la situation très difficile des droits de l'Homme dans ce pays, mais aussi pour rappeler l'engagement de son organisation à aider les autorités et le peuple congolais à relever les nombreux défis qui existent dans ce domaine ».

Cette mission lui a permis de «mieux évaluer la situation des droits de l'Homme et la complexité des défis liés à la protection des civils ».

«J'ai pu m'entretenir avec des membres du gouvernement de la RDC et des hauts responsables des forces de défense et de sécurité, du système judiciaire, du Parlement, des représentants de la Société civile, le leadership de la Monusco, de l'équipe pays des Nations unies et divers acteurs humanitaires, ainsi qu'avec des victimes du conflit dans l'Est », a-t-elle rapporté. Avant d'ajouter : «Ma visite intervient à un moment crucial dans la mobilisation des efforts en vue du retour d'une paix durable dans l'Est de la RDC ».

Mme Flavia Pansieri s'est dit «particulièrement préoccupée par la poursuite des combats autour de la ville de Goma qui ont entraîné des pertes en vies humaines parmi les civils ».

Elle a, à cet égard, rappelé que les frappes indiscriminées contre la population de Goma constituent une violation du Droit international humanitaire.

«Lors de ma mission, j'ai été particulièrement frappée par la situation des populations du Nord-Kivu et de l'Ituri », a-t-elle dit. Et de poursuivre : «Au cours de mes déplacements, les populations m'ont parlé de leur vulnérabilité, de leur situation socioéconomique précaire et des contraintes sécuritaires liées à l'activité de nombreux groupes armés ».

Elle a, par la même occasion, observé les conséquences néfastes de la présence très limitée des institutions étatiques et de la fragilisation des structures coutumières traditionnelles dans la partie orientale de la RDC.
«A Kitchanga, en territoire de Masisi, les représentants des populations locales ont relevé l'impact dévasteur qu'ont les activités des groupes armés sur la vie des communautés locales, notamment les déplacements de population, les viols massifs, les exécutions sommaires et le dénuement consécutif à l'accaparement des terres et des ressources naturelles et minières », a fait savoir Mme Flavia Pansieri.

Pour elle, la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels pour toutes les communautés du pays restent et demeurent un impératif auquel doivent s'atteler sans délai les autorités congolaises, avec le soutien de la communauté internationale.

«En Ituri, j'ai été frappée par l'ampleur des violences sexuelles commises principalement par les groupes armés, mais aussi par les forces de défense et de sécurité et les civils », a-t-elle indiqué.

A ses yeux, la perpétration de telles violences exige une lutte acharnée contre l'impunité. Aussi a-t-elle reconnu les efforts du gouvernement dans la lutte contre l'impunité relative aux violences sexuelles.

Mme Flavia Pansieri a, toutefois, rappelé que de nombreuses victimes attendent encore que justice leur soit rendue. Notamment pour les cas de viols de Walikale, Bushari (territoire de Masisi) et Minova (territoire de Kalehe). Les Nations unies continuent de soutenir le gouvernement pour apporter une réponse adaptée aux victimes de ces violences.

La Haut commissaire adjointe des Nations unies aux droits de l'Homme a aussi planché sur «l'état déplorable »des centres de détention qu'elle a pu visiter dans l'Est de la RDC.

Elle a, à cet effet, déploré les conditions précaires des détenus, notamment, dans la prison de Bunia. Ici, de milliers de prisonniers sont confinés dans un espace prévu pour accueillir 220 personnes.

La haut fonctionnaire des Nations unies s'est dit aussi préoccupée par la protection des défenseurs des droits de l'Homme, des journalistes et de tous les acteurs politiques. Elle, à cet effet, appelé les autorités congolaises ainsi que la Société civile à lutter ensemble pour le respect de tous les droits, notamment de la liberté d'expression de tous.

LP

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