L'accord attendu lundi 11 novembre entre les rebelles congolais du Mouvement du 23-Mars (M23) et le gouvernement de Kinshasa ne résoudra pas à lui seul le conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), avertit l'ONG Oxfam, qui rappelle que des dizaines d'autres groupes armés sévissent dans la région, qui "exposent les civils à des violences quotidiennes".

L'organisation non gouvernementale demande à Kinshasa et à l'Organisation des Nations unies, dont une brigade d'intervention a aidé l'armée congolaise à vaincre le M23, à "faire en sorte que les communautés ne pâtissent pas d'actions militaires contre ces groupes".

"De précédentes opérations (militaires) contre ces groupes armés ont conduit à des violations des droits de l'homme et menacé la sécurité (des civils), conséquences directes des opérations ou d'attaques de représailles menées par chacune des parties. [L'ONU] et le gouvernement congolais doivent prendre des mesures claires pour minimiser l'impact négatif des opérations sur les civils."

Selon Oxfam, une réponse militaire aux groupes armés ne suffira pas. "Le gouvernement doit aussi offrir des alternatives crédibles aux combattants qui veulent déposer les armes", dit l'ONG, appelant à l'adoption d'un "programme de désarmement, démobilisation et réintégration afin de fournir aux combattants une alternative à la guerre. Il doit y avoir un processus politique qui s'attaque aux problèmes de fond, comme la terre, les moyens de subsistance, le contrôle des ressources et la représentation de toutes les communautés".

LES AUTRES GROUPES REBELLES VISÉS

Le M23, composé essentiellement de Tutsi congolais, est l'un des nombreux groupes armés sévissant dans la riche province minière du Nord-Kivu, dévastée par deux décennies de conflits. Avant d'être défait la semaine dernière, il combattait l'armée congolaise depuis dix-huit mois dans la région, avec l'aide, selon l'ONU, du Rwanda et de l'Ouganda. Kigali et Kampala ont toujours nié ce soutien.

L'accord de lundi doit fixer le sort des quelque dix-sept cents combattants du M23 - un chiffre avancé par Kampala, remis en question par certains observateurs - réfugiés dans des camps en Ouganda. Une centaine de rebelles blessés ont également fui au Rwanda. Mais le cas de certains commandants est compliqué, notamment celui du chef militaire Sultani Makenga, accusé de massacres, viols, enrôlements d'enfants, et qui figure sur des listes de sanctions onusienne et américaine.

Lire l'entretien avec Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG) : RD Congo : "Il n'y aura probablement pas d'accord politique avec le M23"

Après la signature, d'autres opérations viseront d'autres groupes rebelles, a annoncé Kinshasa. La priorité devrait être les rebelles hutu rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui comptent des auteurs du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994, et que le gouvernement de Kigali, issu d'une rébellion tutsi, considère comme une menace à la sécurité du Rwanda et des populations tutsi de RDC.

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