L'opération de «nettoyage »de la délinquance de rue lancée par le Joseph Kabila aurait déjà fait une vingtaine de morts. La Monusco, l'Unicef et des ONG congolaises dénoncent des «exécutions extrajudiciaires«.

L'opération «coup de poing »de la police congolaise tourne mal dans la capitale. Depuis le lancement le 15 novembre dernier de Likofi, un programme sécuritaire censé faire reculer la délinquance urbaine à Kinshasa, plusieurs jeunes des rues, ou «Kuluna«, sont portés disparus. Selon l'Unicef et la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), une vingtaine de délinquants, dont 12 mineurs, auraient été tués dans les premiers jours de l'opération Likofi. L'ONU dénonce des «exécutions sommaires extrajudiciaires »et demande aux autorités congolaises de «diligenter des enquêtes »et de «mettre fin à ces pratiques«. L'Unicef rappelle que la République démocratique du Congo «a ratifié des traités et des conventions internationales pour le respect des droits humains et la protection des enfants«.

Impunité de la Police

Tout commence le 26 octobre 2013 à Kinshasa lors d'un Conseil de défense présidé par Joseph Kabila. Le président congolais demande alors aux forces de sécurité de mettre fin au phénomène des «Kuluna«, ces bandes de jeunes délinquants des rues qui détroussent régulièrement les Kinois. Le «banditisme urbain »s'est en effet fortement développé dans la capitale congolaise, dont la population vit pour la majorité avec moins de 2 $ par jour. En cause, la pauvreté généralisée qui règne en RDC, mais surtout la corruption des forces de Police, qui vivent en rackettant les Kinois, dans une totale impunité.

«Banditisme urbain«

Le 15 novembre, la Police nationale congolaise (PNC) lance l'opération « anti-Kuluna » Likofi, « coup de poing »en Lingala. Le général Oleko donne 10 jours aux parents pour « dissuader leurs enfants »impliqués dans le banditisme urbain«. Mais l'opération Likofi démarre avant l'ultimatum de la Police et l'Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO) dénonce rapidement plusieurs dérapages. Le 18 novembre, l'ONG affirme que le jeune Okito est abattu par la Police dans la Commune de Kimbanseke, à Kinshasa. Le même jour, deux autres jeunes, Sinatra et Oasis, sont abattus « en plein air au marché de la Liberté dans la Commune de Masina«. Le 20 novembre, c'est Junior qui est tué « au quartier 3 dans la Commune de Ndjili, vers 10heures du matin, par les éléments de la Police Nationale«.

«Les corps emportés«

Une autre ONG, le Réseau National des ONG des Droits de l'Homme de la République démocratique du Congo(RENADHOC), dénonce elle aussi «plusieurs cas d'exécutions sommaires«. Selon cette ONG, «les corps auraient été emportés pour des destinations inconnues, au mépris des lois du pays«. Pour l'instant, une vingtaine de cas d'exécutions extrajudiciaires ont été portés à la connaissance des Nations unies. Le colonel Mwana Mputu, chef de la cellule média de l'opération, a formellement démenti le 26 novembre à l'AFP ces allégations, et a souligné que «s'il y a eu dérapage, il y aura des sanctions«.

Mais au delà de l'opération «coup de poing »très musclée de la Police congolaise, c'est bien la méthode employée qui fait polémique... une méthode qui démontre encore le long chemin à parcourir pour aboutir à un Etat de droit digne de ce nom en RDC.

L'opération Likofi doit officiellement durer 3 mois et se terminer fin février.

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