Entourée de neuf voisins aux visées insondables, la RDC s'attend à affronter neuf potentiels problèmes, en plus de ceux que pourraient provoquer des intérêts géostratégiques mondiaux. La flèche empoisonnée peut venir de partout et de nulle part, en cette période où l'UA tente de rouvrir la boite de Pandore.

«Dis-moi comment tu gères tes frontières, je te dirais quel Etat tu es ». Et Napoléon Bonaparte d'ajouter qu'un pays se définit à partir de sa géographie. La RDC n'échappe pas à ces deux réalités. Vaste territoire doté d'immenses ressources naturelles, les enjeux pour la RDC dépassent la simple gestion d'un Etat moderne. Ses problèmes tirent leur origine de sa position géographique : le cœur du continent noir.

La donne se complique davantage quand on sait que la RDC est entourée par neuf voisins dont les visées sont imprévisibles. Toutefois, des observateurs relèvent que l'attitude de tous ces voisins procéderait aussi bien de leur survie (du fait de l'immensité du territoire congolais) que de la poursuite du leadership dans la sous-région.

Chaque frontière congolaise a une spécificité. Si les frontières naturelles posent théoriquement moins de problèmes, celles artificielles ou conventionnelles sont sujettes à des conjonctures diverses. L'onde de choc de toute poussée de fièvre ou de déstabilisation se fait sentir sur le territoire congolais.

N'a-t-on pas dit que la RDC est le ventre mou de la sous-région ? Volontairement ou involontairement, le pays de Lumumba est impliqué dans tout ce qui survient chez ses voisins. Et dire que ces derniers sont au nombre de neuf et enferment la RDC quasiment comme un œuf! Le seul trou d'aération étant l'embouchure du fleuve Congo.

D'où, la gestion des frontières implique une connaissance géostratégique avancée, une diplomatie à la pointe de l'anticipation et des services d'intelligence aux compétences diversifiées et éprouvées. Mais aussi une armée dissuasive et professionnelle à même de servir de soubassement à l'approche diplomatique, tenant compte des clivages.


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Le principe d'intangibilité

C'est dans ce contexte où les voisins de l'Est s'agitent en se servant de tous les prétextes du monde pour justifier leur ancrage sur le sol congolais, que la question des frontières est remise sur la table par l'Union africaine. Celle-ci a-t-elle conscience du risque d'exacerbation de sa démarche visant à reconsidérer la délimitation des frontières héritées de la colonisation ? Difficile à dire.

Raison pour laquelle l'Abl «Conscience nationale congolaise »et l'ICREDES ont organisé le samedi 26 juillet à Notre-Dame de Fatima, une conférence-débat en collaboration avec le groupe de presse Média 7. Des révélations faites à l'occasion permettent de retenir qu'une meilleure gestion des frontières maritimes et terrestres peut éviter à la RDC plus de la moitié de ses problèmes sécuritaires et de développement.

Quid ? La tentative de battre en brèche le principe de l'intangibilité des frontières s'apparente à une réouverture de la boite de Pandore par l'Union africaine. C'est une véritable une remise en question et une source de déstabilisation permanente sur l'ensemble du continent. Le fondement même de l'organisation continentale s'en trouve visé.

Servant des intérêts de la désintégration du continent alors que tous convergent vers de grands ensembles, des blocs, l'idée qui a germé à l'UA est une véritable bombe à fragmentation. La RDC, avec ses neuf frontières, est appelée à s'armer d'intelligence diplomatique, militaire et des renseignements à toute épreuve afin de ne pas sombrer sous le poids de cette dynamique en gestation.

Il est même indiqué pour la RDC d'inscrire en priorité cette éventualité en puisant dans les jurisprudences existantes afin d'étouffer dans l'œuf cette tentative. Au regard des richesses dont regorge le pays, la gestion de cette question pousse à entrevoir déjà des stratégies d'annihilation de cette entreprise qui engendrera plus des conséquences nocives que constructives.

A noter que l'attrait vers de grands ensembles pour des raisons de viabilité économique et du commerce n'est réalisable qu'avec des Etats stables. Il est quasi impossible d'obtenir l'intégration à partir du néant. Des illustrations sont nombreuses sur le continent. Un pays comme la Somalie prendrait-il le train de l'intégration économique dans sa configuration actuelle ? Ce serait illusoire.

De même, la Libye déstabilisée constituerait-elle un élément catalyseur de l'essor économique d'un quelconque bloc ou sous région ? Le Nigeria plongé dans la psychose de Boko Haram ou le Kenya guetté par les Shebabs constitueraient-ils des entités candidates à une intégration en vue d'une unification réelle du continent pour le rendre acteur incontournable de la mondialisation ? Une vraie gageure.

La liste de ces interrogations est loin d'être exhaustive. En réalité, tous les Etats africains connaissent des problèmes spécifiques qui ne favorisent pas une intégration économique en douceur. La remise en question des frontières héritées de la colonisation s'avère une initiative suicidaire pour la stabilité du continent. Elle est l'œuvre de ceux pour qui l'Afrique doit demeurer un espace en proie à des difficultés insurmontables, faisant d'elle la traîne de la longue marche de la mondialisation.

En ce qui concerne la RDC, l'heure a sonné pour que la question des frontières soit inscrite en priorité dans la stratégie de la défense du pays et de l'émergence. Tout est lié. Sans entrevoir toutes les éventualités, la désillusion sera au rendez-vous. Pourquoi ? Tout simplement parce que les autres la regardent à partir des prismes de leurs intérêts particuliers.

Les agendas de la RDC, de ses voisins de même que ceux de tous les autres pays en quête des matières premières ne sont pas nécessairement convergents. Dans le processus d'intégration où la libre circulation des personnes et des biens sera la règle, les frontières nationales seront considérées comme le socle. Alors, ne pas y penser déjà, c'est ne pas prendre conscience du danger qui guette le pays. A bon entendeur, salut !

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