Bien avant le message des évêques de la Cenco, par lequel ils proposent leur sollicitude pour déverrouiller la machine du dialogue politique, Fréderic Boyenga, président de l’UNIR-MN, pense déjà à une « troisième voie » pour renforcer le travail de facilitation. « Cette troisième voie ou voie de la synthèse et de réconciliation sera rendue possible par la mise en place d’un Conseil national des anciens pour la facilitation et la coordination du dialogue », a-t-il indiqué dans un entretien avec la presse. Quel que soit l’enjeu que représente l’alternance, il ne faut pas non plus plonger la RDC dans le chaos. D’où la nécessité d’un dialogue dans un cadre strictement national, se défend-il.

Ancien enseignant-chercheur à l’Université de Lille, Frédéric Boyenga Bofala, apporte sa pierre aux débats sur les grands enjeux en République démocratique du Congo. L’initiative du président national de l’Union pour la République-Mouvement national (UNIR-MN), motivée par des tentatives de dialogue entreprises « sans succès » par la communauté internationale, se résume par un dialogue dans un cadre strictement national. « Ce sera là, le test de notre maturité politique et le monde extérieur appréciera », soutient-il.

Docteur en droit international public, Frédéric Boyenga, ne tarit pas d’imaginations pour d’un côté, présenter ses solutions au conflit politique interne dans le pays, et de l’autre, promouvoir une solution politique et économique à la crise permanente de la région des Grands Lacs. Sa nouvelle recette contenue dans deux ouvrages publiés aux éditions Publisud à Paris (France) à savoir : « Comment sortir de l’impasse politique pour relancer et achever le processus démocratique en RDC et mon appel pour la mise en place de la Geronsia », est non seulement un appel à la prise de conscience croissante des conséquences tragiques d’une conflagration résultant des affrontements entre la majorité présidentielle et l’opposition, mais aussi une proposition de plan d’action pour débloquer de manière responsable la situation politique.

« Si l’on veut sortir de l’impasse politique et faire bouger cette société bloquée qu’est devenue la RDC, il faut absolument secouer le carcan que font peser sur elle les ambitions légitimes mais égoïstes », indique-t-il.

Les deux questions majeures

Deux questions majeures se posent. A quelles conditions et au prix de quelles contraintes cette action est-elle possible pour sortir le dialogue de l’enlisement ? Frédéric Boyenga pense qu’« il faut trouver un moyen de réunir les Congolais ». « L’idée pour moi, note-t-il, c’est de faire appel aux anciens. Je suis convaincu que nous serons bien aidés par nos anciens pour relancer cette initiative du dialogue ».

Sans être exhaustif, il pense que la RDC ne manque d’expertise interne pour faciliter un dialogue politique véritablement national. Il cite, à ce propos, le cardinal Laurent Mosengwo, Mgr Bodho Marini, Etienne Tshisekedi, Léon Kengo, Singa Udju, Mbenza Tubi, Mongulu Tapangane, Kilolo Musamba, Mario Philippe Losembe, Jonas Mukamba, Elikia M’Bokolo, Isidore Ndaywel, Mabi Mulumba, Vunduawe Tepe Mako, Boboliko Lokonga et bien d’autres. Il s’indigne du fait que ces dignes fils ont été délaissés au profit des facilitateurs extérieurs n’ayant aucune maitrise des réalités congolaises.

« Je propose dans mon plan pour sortir le pays de l’impasse une troisième voie d’action politique fondée sur un dialogue politique ultime et éclairé que j’appelle Synode. Cette troisième voie ou voie de la synthèse et de réconciliation sera rendue possible par la mise en place d’un Conseil national des anciens pour la facilitation et la coordination du dialogue et j’invite toutes les parties prenantes congolaises à lui apporter leur entière coopération », indique-t-il.

Selon lui, cette démarche a l’avantage d’atténuer certaines attitudes contre-productives d’un activisme quasi-conservateur d’une partie non négligeable de la majorité politique et de l’actionnisme émotionnel d’une partie importante de l’opposition politique.

Une alternance sans casse

Pour le président de l’UNIR-MN, quel que soit l’enjeu que représente l’alternance, il ne faut pas non plus plonger la RDC dans le chaos. « La démocratie demeure notre inspiration, nous ne le perdons jamais de vue mais il faut emprunter un sentier ardu et faire attention où l’on marche. Ce dont je suis certain, c’est qu’il y aura l’alternance. Mais prenons le temps nécessaire pour l’organiser afin qu’elle soit démocratique », a-t-il confié. Penser le contraire compromettrait l’avenir du pays, lance-t-il.

Dans la suite de sa prévention, il attire l’attention sur le fait que quand le désespoir devient mobilisateur tout peut arriver. « La question sociale doit être au cœur du renouveau démocratique. Le progrès démocratique conditionne le progrès social. Le progrès social conditionne le progrès économique. Le progrès social est aujourd’hui un préalable à tout progrès démocratique », soutient-il.

Présidentielle, se prononcer sur le projet et non sur un homme

S’agissant de la prochaine élection présidentielle, Dr. Frédéric Boyenga déconseille la politique du « ôte-toi de là pour que je m’y mette », sans projet ni vision d’avenir pour le Congo. « Que les Congolais se prononcent d’abord sur le projet au lieu de se prononcer sur un homme, soit-il providentiel et/ou adoubé. Qu’ils votent pour un projet, mais surtout qu’ils votent pour le changement dans l’intérêt supérieur de la nation et non pour chasser un homme, pour un autre lendemain où beaucoup serait possible grâce à l’effort, au travail, au mérite », explique-t-il.

Le plus important, pense-t-il, est de redonner espoir au peuple. « Le point le plus important pour moi, c’est qu’il faut autant que possible, lorsqu’on choisirait le futur président, éliminer les éléments passionnels, irraisonnés, accidentels. Les Congolais doivent être appelés à voter sur des idées, sur des projets, des programmes, sur de grandes orientations avant de se prononcer sur un homme », souhaite-t-il.

Bref, en présentant ce plan de relance de l’initiative du dialogue, le président de l’UNIR-MN, entend susciter au sein de la communauté nationale un débat de fond sur les objectifs et les moyens d’une action pour sortir de l’impasse, relancer et achever le processus électoral en RDC.

 

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