Message du Secrétaire général de l’UNIR MN
à l’occasion de la nouvelle année 2017
et de la détention à Kinshasa du Président de l’UNIR MN,
Frédéric BOYENGA BOFALA

 

« Je crois à la douce violence de la raison sur les hommes. Ils ne peuvent lui résister durablement… »

-- Bertolt Brecht

En cette période des célébrations de fin d’année 2016, il est dit que les parties à l’actuel dialogue inclusif sont en voie de former un consensus sur les termes d’une sortie de crise qui se veut apaisée. Si un tel accord devait effectivement être signé, le crédit en reviendrait objectivement au rôle déterminant de l’autorité morale de la CENCO qui, tant bien que mal, aura pu concilier des points de vue très antagonistes. Si cet accord débouche sur un apaisement et une normalisation de la vie politique, sur une certaine stabilité institutionnelle, sur la sécurisation du territoire et des populations et sur une amélioration sensible des conditions de la vie quotidienne de ces derniers, alors y aura-t-il encore quelque raison d’espérer en la sauvegarde du processus démocratique et électoral congolais. On pourra toutefois déplorer qu’autant de filles et des fils du pays aient eu une nouvelle fois à payer inutilement de leur sang les termes d’un accord politique dont tout porte à croire qu’il aurait pu dès lors être conclu plus tôt et d’une autre manière si l’intérêt supérieur de la Nation avait pesé davantage.

Pour ma part, je ne peux d’ores et déjà pas m’empêcher d’avoir à ce stade du processus une pensée fraternelle et respectueuse pour Frédéric BOYENGA BOFALA, le Président de l’UNIR MN, arrêté et détenu à Kinshasa depuis le 17 novembre 2016 avec son accompagnateur, Pablo DIUMBU NDJEKA ; une arrestation, juste à la veille de la relance du dialogue national par le Chef de l’Etat. Un acte malveillant qui ne saurait être dissocié de l’actualité politique de ce mois de l’Avant.

Souvenons-nous ensemble qu’en juin dernier, face au blocage politique, Frédéric BOYENGA BOFALA s’était exprimé dans son allocution télévisée en faveur de la relance de l’initiative du dialogue pour sortir de l’impasse politique, relancer et achever le processus démocratique et électoral en RDC. Dès le début de l’année 2015, le Président de l’UNIR MN avait lucidement estimé, au regard de certains facteurs convergents liés notamment aux incongruités conceptuelles de la Constitution congolaise et à la polémique relative à la révision de son article 220, que le pays s’engageait inexorablement dans une impasse politique dont il pressentait les risques pour sa stabilité et sa cohésion nationale. C’est pourquoi, la réussite du dialogue national constituait pour lui, une nécessité politique et un impératif pour la stabilité de la RDC. Il réitérait donc à cette occasion la nécessité d’« une prise de conscience croissante des conséquences tragiques d’une conflagration qui résulterait des affrontements entre la majorité présidentielle et l’opposition. ». Sur ce point, les évènements des 19 et 20 décembre dernier et les massacres récurrents dans les provinces du Kivu et de l’Ituri, épicentre de la crise des Grands lacs, lui donnent tristement raison. Et ce n’est pas le seul point !

Pour pouvoir articuler ces deux réalités souvent peu compatibles que sont la liberté des acteurs politiques pour accéder au pouvoir et l’intérêt supérieur de la Nation, il estimait qu’il fallait, au regard de la dimension strictement nationale de cette crise politique, trouver le moyen de réunir les Congolais tout en restant réaliste, c’est à dire en considérant par conséquent « les positions particulières des uns et des autres, la psychologie des interlocuteurs et les contraintes qui pèsent sur eux ». Cela nécessitait une grande faculté d’écoute et une connaissance approfondie des réalités politiques nationales. C’est pourquoi Frédéric BOYENGA BOFALA avait proposé de confier la facilitation et la coordination du dialogue national à un « Conseil National des Anciens » qu’il nomme GERONSIA. C’est cette instance qui devait pour lui rendre possible l’ouverture d’une troisième voie d’action politique, une voie non pas de la confrontation mais de la synthèse et de la réconciliation fondée sur un dialogue ultime et éclairé qu’il nomme expressément SYNODE. Il désignait sous le symbolisme de ce vocable la nécessité de cheminer ensemble, de franchir le même seuil, c’est à dire de réfléchir et de s’inscrire ensemble dans une démarche de rigueur et de construction en profondeur pour débloquer de manière responsable la situation politique.

Comment, en toute honnêteté intellectuelle, ne pas entrevoir dans l’action médiatrice de la CENCO et la perspective d’un consensus possible, après tant de discorde et de tensions inutiles, un retour aux principes élémentaires de réalité, d’utilité et d’inclusivité qu’évoquait avec lucidité Frédéric BOYENGA BOFALA dans son plan de sortie de crise et auquel aucune solution durable à la crise ne peut être soustraite ?

Comment ne pas entrevoir dans la médiation de la CENCO, l‘ombre de la GERONSIA et l’esquisse de cette troisième voie d’action politique prônée par le Président de l’UNIR MN ?

Comment ne pas entrevoir dans les termes de l’accord que l’on dit en passe de se concrétiser, une manière de dynamique de réconciliation nationale, certes fragile, mais qui, s’il existe une réelle, forte et incorruptible volonté politique pour la conduire à son terme, se rapprocherait sensiblement du schéma prôné par BOYENGA BOFALA dans son plan de sortie de crise pour permettre au pays de se positionner définitivement dans sa voie et dans sa marche vers la démocratie ?

Comment enfin ne pas discerner dans les modalités de la transition qui se profile, notamment sur la question du report des élections au plus tôt à la fin de l’année 2017, l’influence intellectuelle de Frédéric BOYENGA BOFALA qui, entre autres réformes pour débloquer la situation, proposait dans son plan de sortie de crise « l’adoption d’un moratoire électoral » afin de réfléchir à « un nouveau programme de gouvernance électorale » et ouvrir le jeu démocratique ?

Pour Frédéric BOYENGA BOFALA, les Congolais doivent à l’avenir être en mesure de voter pour des idées, sur des projets, des programmes, sur des grandes orientations avant de se prononcer sur un homme. « Et si la cohésion nationale se créait autour d’un projet mobilisateur sur la nouvelle société congolaise ? » l’ai-je entendu souvent s’interroger ? « Un projet exaltant mais rassurant élaboré sur la base des orientations et conclusions du dialogue national ultime ? »

Ne serait-il pas juste et honnête au fond, au-delà d’un certain silence général quant à son sort actuel, de le mettre en lumière et de lui rendre hommage pour la richesse de son apport intellectuel quant à la sauvegarde notamment du processus démocratique et électoral initié tant bien que mal depuis 2001 par les Congolais, grâce au soutien de la société internationale ?

Depuis la disparition de Patrice Emery LUMUMBA le 17 janvier 1961, au Congo, la parole est perdue ! Depuis les Congolais la cherchent mais n’ont réussi qu’à épeler. Frédéric BOYENGA BOFALA a prouvé aux Congolais et à la société internationale, malgré son maintien forcé à l’écart d’un processus démocratique sur lequel pèsent encore quelques dangereuses hypothèques, qu’il est un homme, une figure politique et un juriste d’exception dont la pensée continue d’orienter discrètement la vie politique congolaise. Il n’est pas un homme à craindre mais un homme politique responsable, lucide et réaliste, un homme de la concorde et non de la discorde, un homme de la tolérance et non de l’intolérance. Un homme de la confiance et non de la défiance. Un homme de dialogue qui sait écouter et qui sait parler.

Je prie l’Eternel pour qu’il guide Frédéric BOYENGA BOFALA, et avec lui son accompagnateur et tous les Congolais dans la voie de l’espérance, vers la liberté. Que l’espérance ne quitte jamais les cœurs. Que l’Eternel accueille également toutes les filles et les fils du Congo, victimes des conflits à l’Est du pays et sur toute l’étendue de la République, toutes ces filles et fils du pays dont Frédéric BOYENGA BOFALA, à travers son engagement politique, a toujours eu à cœur la sagesse d’éviter que leur sang ne coule inutilement : « Je n’encouragerai pas le sacrifice sans lendemain.» !

Je partage l’angoisse et la douleur qu’éprouvent, en ces moments de chagrin, de doute et de deuil, non seulement les familles et les proches, mais aussi tous les Congolais de part le monde dont l’exaspération, le désespoir et la colère sont devenus, à la mesure de la crise, les seuls moteurs de leur mobilisation. Que tous soient non seulement assurés de l’indéfectible soutien de tous les membres de l’UNIR MN et qu’ils sachent que du fond de son silence forcé, Frédéric BOYENGA BOFALA ne les oublie pas, et qu’avec lui le flambeau de l’espérance et de la volonté doit tous nous éclairer, sans exception.

Une voie, fragile, semble se dessiner pour sortir le pays de l’impasse ! Evitons de l’accueillir sous l'empire de la colère, même légitime. Que la raison nous guide. Avançons avec confiance vers le chemin de l'espérance que la Providence a tracé pour la Nation congolaise toute entière. Ecoutons pour cela le message qui émane des tombes au Congo depuis 1960, ce message dont sont éternellement porteurs ces filles et ces fils de la patrie qui, dès le 4 janvier 1959, eux-mêmes ensanglantés du fait de l’inimitié des hommes du Congo entre eux, ont eu l’audace de concevoir ce que pourrait être un avenir radieux fondé sur la réconciliation nationale et sur la paix : la violence est une chose terrible ! Gardons nous de l’oublier. Veillons à ce que les générations futures ne soient pas confrontées à nouveau aux larmes, au deuil et aux ruines. Sachons transmettre non pas la haine dont ils ont été victimes mais au contraire cette chance des réconciliations que nous devons à leur sacrifice. Renonçons à ce qui nous sépare. Recherchons ce qui nous unit pour nous sauver. Nous devons honorer nos morts, nous devons nous réconcilier avec nos morts. Au Congo, nous avons le respect des morts, et plus encore lorsque cette mort s’identifie aux sacrifices pour la patrie. Nous devons nous réconcilier avec notre histoire et sans esprit de revanche. Nous devons reconnaître et assumer toute l’histoire, même la plus douloureuse de notre patrie.

C’est dans notre fidélité à cet état d’esprit qui constitue le socle idéologique de la vision et de l’action politique de l’UNIR MN et de son président, Frédéric BOYENGA BOFALA, que nous serons en mesure de jeter les uns sur les autres un regard sincère et fraternel qui dépasse les antagonismes et nous permet de cheminer ensemble vers la résolution définitive de la crise politique en RDC.

Que l’Eternelle bénisse la République Démocratique du Congo et que l’année 2017 soit pour tous les Congolais de part le monde, une année de grâce, de paix, de réconciliation et de renouveau démocratique :

 « Je pense qu’il est impérieux, pour reconstruire ensemble notre patrie sur de nouvelles bases, de rétablir entre tous les Congolais la chaine d’union nationale rompue par des déchirures et par de regrettables exclusives. Notre mission sacrée est de rassembler tous ce qui est épars dans une chaine d’union nationale : c’est à dire rassembler tous les Congolais éparpillés sur terre, tout en respectant leurs différences et leurs spécificités, dans la liberté de conscience politique, religieuse et philosophique et une parfaite tolérance. »

-- Fr. BOYENGA BOFALA

Olivier Meskens Ntambu Kufuanga

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