Pour le représentant spécial du secrétaire général des nations Unies en RDC, Maman Sidikou : "« selon toute vraisemblance », les élections « ne pourront pas se tenir en novembre de cette année.»..."

Qu'implique cette déclaration ? :

Elle implique qu’à ce jour le Plan BOYENGA pour sortir de l'impasse politique, relancer et achever le processus démocratique et électoral est le seul qui tienne sérieusement la route et que sensiblement la communauté internationale lui reconnait toute sa pertinence et sa légitimité pour le dénouement de cette crise, ce qui lui ôte la critique dont certains l'ont jusqu'ici inintelligiblement affublée de brillante mais simple construction intellectuelle sans prise sur le réel.

De manière générale, l’autorité de la Résolution 2277 de l'ONU, même fondée sur le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies qui l’autorise à prendre des mesures coercitives en cas de rupture de la paix... doit être limitée. Elle n’est en l’espèce qu'une recommandation, une invitation à organiser les élections dans les délais constitutionnels. Elle n'a pas sur cette question de valeur contraignante ! Aucune Résolution du Conseil de sécurité ne peut contraindre un État à respecter sa Constitution, c'est contraire au principe même de la souveraineté des États et au droit de l’autodétermination. Mais de toute façon, à présent que les élections ne sont plus envisageables dans les délais constitutionnels, il ne saurait plus être question pour les Congolais d’exiger ce qui était déjà une aberration dans son principe : le règlement de la crise congolaise conformément à la Résolution 2277.

La RDC traverse une crise systémique grave, une crise de son système démocratique et pas simplement électoral. C'est donc une crise strictement interne à laquelle l'ONU n’est intéressée que dans le cadre des pouvoirs que lui confère la Chartes des Nations unies, c'est à dire garantir la paix et la sécurité internationales, autrement dit veiller à ce que d'éventuels troubles en RDC ne débordent pas du cadre national. Le Chapitre VII qui fonde la Résolution ne justifie donc nullement une quelconque force contraignante de la Résolution 2277 sur la question de l'organisation des élections dans les délais constitutionnels. Et mieux encore, elle ne justifie pas non plus que l’on impose aux Congolais une quelconque manière de règlement de la crise. Dire le contraire reviendrait à donner au Conseil de sécurité une autorité qu'elle n'a sur aucune de ces questions.

Pour résoudre maintenant la crise en RDC, les Congolais doivent parler aux Congolais. Il faut un dialogue ultime et éclairé. Ils doivent pour cela définir eux-mêmes les modalités de leur dialogue pour cheminer ensemble, dans un contexte apaisé et normalisé, sur la voie du consensus qui permettra de dégager un compromis responsable et conforme à l’intérêt général pour sortir de l’impasse.

Sur cette question le Plan BOYENGA est clair, les Congolais n’ont pas besoin d’une facilitation internationale. Celle-ci maîtrise insuffisamment les sensibilités politiques internes. Elle ne peut restaurer la confiance entre les Congolais. Il faut une nouvelle instance congolaise, bien au fait de ces sensibilités, et consciente des enjeux que dicte le seul intérêt général de la RDC. C’est la Geronsia, ce Conseil nationale des Anciens pour la facilitation et la coordination du Synode national (cheminement ensemble) sur la relance et l’achèvement du processus démocratique et électoral en RDC. Seul la Geronsia serait en mesure d’apaiser et de normaliser le climat politique actuel et de coordonner le dialogue afin d’aboutir sur un accord politique qui régira de manière responsable l’incontournable période de transition à laquelle les Congolais doivent se préparer.

Les Congolais ne doivent pas appréhender la crise actuelle avec la peur mais la considérer, à la suite du Plan BOYENGA, comme une opportunité à saisir pour prendre en main leur destin. C’est donc un Plan d’espoir pour l’avenir de la RDC.

-- © Mokengeli