En RDC, une lueur d'espoir a enfin franchi la lisière d'un jubilé de ténèbres et porte en son sein, les desseins d'une volonté politique émancipatrice et d'une ambition de liberté démocratique longtemps hypothéquée. Qui sont les véritables acteurs politiques de ce renouveau en devenir, entre ceux à qui l'histoire douloureuse de la RDC pourrait bientôt tirer sa révérence et ceux dont elle honorera bientôt l'heureuse destinée ? Et quelle perspective offrira cette voie émancipatrice qui se dessine pour le Congo Zaïre de demain ?

Palais Du Peuple

Palais Du Peuple - Kinshasa, RDC

La tragédie électorale congolaise ne doit être perçue que pour ce qu'elle incarne en vérité, c'est-à-dire la fin d'un temps et le début d'un autre. La fin d'un demi-siècle d'errements politiques, de déliquescence morale et de délinquance économique et l'avènement d'une volonté collective prête à engager la RDC dans la voie salvatrice de son émancipation démocratique et de sa reviviscence. La RDC vie donc une période transitoire décisive entre deux pôles de conscience : l'un agonisant sous le poids de l'exaspération d'un peuple fatigué, trompé et déboussolé par ses élites ; l'autre vivifiée par l'énergie créatrice d'une nouvelle génération d'hommes politiques, sous l'effet d'un insatiable appétit de liberté et d'un besoin irrépressible et légitime d'affirmation, d'unité nationale renouvelée, de reconnaissance identitaire, de stabilité politique et de paix. Il y a pour conjurer l'infortune comme une âme de bâtisseur qui plane enfin au-dessus de la RDC.

L'œil averti et attentif de notre rédaction a parfaitement décelé cette étincelle d'intelligence par laquelle se manifeste et croît au cœur du chaos ambiant, cette volonté émancipatrice ordonnée. Et comme nous pressentons raisonnablement que les projets qu'elle porte épousent de manière appropriée le sens de l'Histoire, nous sommes confiants que cette intelligence s'imposera d'une manière ou d'une autre. Cette certitude nous autorise à regarder le cours des évènements politiques en RDC avec calme et sérénité, et de relativiser le rôle et les capacités réelles de certains acteurs politiques locaux qui, par ignorance, vanité ou nécessité, persistent à nager à contresens. En prêtant, à tort ou à raison, activement leur concours à l'entreprise de destruction du tissu socio économique de la RDC initiée par Joseph Kabila tout au long de cette dernière décennie, ces hommes, tantôt partisans, tantôt opposants, ont achevé de perdre le sens de la réalité. Ils ont perdu la boussole et ne positionnent donc plus l'intérêt général du pays sur le même pôle que leurs congénères. Il y a par conséquent fort à parier qu'ils seront charriés contre leur gré bien loin de l'histoire, avec les débris de ce régime politique périmé.

Entre autres acteurs de ces changements, il y a Etienne Tshisekedi et l'UDPS. L'histoire a toujours démontrée qu'elle peut être très cruelle, surtout pour les figures politiques qui comme ce dernier s'entêtent à galvauder les opportunités que le destin leur a si souvent aménagées. Ils finissent en général boudés par la postérité et bien qu'ils aient goûté à la gloire, la mémoire collective ne retient d'eux que leurs défauts et enterre leurs mérites. Etienne Tshisekedi, éternel opposant et impénitent démocrate, s'inscrira-t-il à la suite de ces héros populaires déchus par leurs contemporains ? Ce n'est pas souhaitable mais ce n'est pas impossible. L'homme de Limete qui, à l'issue de la parodie électorale, avait courageusement enjambé le Rubicon en s'autoproclamant président de cet Etat hypothétique que l'on nomme RDC, s'embourbe désormais dangereusement dans les marécages de la Bérézina. Le courage ne suffit effectivement pas en politique. L'homme ne manque pas de précieux atouts dans la conquête du pouvoir. Il a blanchi sous le harnais de la lutte sociale contre le régime de Mobutu héraut de la démocratie, chantre de l'Etat de droit. Et à l'issue de ces lamentables scrutins, Etienne Tshisekedi peut encore du haut de son grand âge percevoir l'avènement de son sacre et tirer parti de sa position pour guider au cœur de la conscience congolaise cette lueur émancipatrice d'un avenir nouveau qui scintille au sein de celle-ci et qui marque enfin et inéluctablement le temps des changements salvateurs en RDC.

Malheureusement, Etienne Tshisekedi s'enferre une fois de plus dans ses sempiternelles contradictions. Il oublie qu'aussi belles et prestigieuses soient-elles, les figures mythiques se déforcent toujours à mesure des distorsions criantes qui apparaissent entre l'énergie des idées qu'ils véhiculent dans le feu de l'action et la pauvreté des actes qu'ils ne posent finalement jamais ou alors avec tant d'inconséquence. Plus que du génie, ces figures mythiques finissent par révéler une insupportable infirmité qui achève d'agacer et de lasser leurs contemporains.

La récente décision d'Etienne Tshisekedi d'interdire d'autorité aux nouveaux élus de l'UDPS de siéger au sein des institutions parlementaires est une nouvelle polémique très illustrative. Cette décision est une erreur de plus dans une fatigante litanie de maladresses. Elle participe plus de l'improvisation tactique que de la vraie stratégie politique. Cette décision aurait été en effet pleinement justifiée si l'UDPS et son président ne s'était pas en toute connaissance de cause et sans moyens financiers collectifs, abandonnés dans un processus électoral dont tout indiquait objectivement qu'il était honteusement biaisé d'avance et donc perdu.

La décision de Tshisekedi, quelles que soient les justifications données, ne peut donc qu'apparaître injustes et indécodables aux yeux de ces nouveaux élus dont la plupart ont de surcroît financé seul leur campagne électorale. Injustes et indécodables car leur président leur avait clairement fait comprendre par son propre engagement qu'il était temps de manger la pomme de l'intérieure. La volonté de siéger est elle au contraire parfaitement compréhensible. Même si elle demeure une source de cacophonie démocratique et entretien comme tout le reste la confusion dans les esprits des congolais tant il est illusoire de penser vaincre sur le terrain de l'adversaire.

A bien y regarder, la décision d'Etienne Tshisekedi illustre en réalité et de manière flagrante une prédisposition naturelle à l'incohérence. Celle-là même qui a toujours opposés ceux qui dans l'UDPS s'impatientent à tort ou à raison, devant les tergiversations de leur président, d'accéder un jour à quelque parcelle du pouvoir à porte de main. Les institutions de la République ne regorgent-t-elle pas après tout d'anciens dissidents de l'UDPS ?

Nous respectons l'homme Tshisekedi. Nous lui reconnaissons sa légitimité populaire. Mais il doit se jouer de ses faiblesses et sans tarder. Il doit cesser de suivre les conseils mal avisés que lui prodigue le ban et de l'arrière ban de sa cour. Sa posture présidentielle ne doit pas être une imposture de plus. Il doit comprendre en toute humilité qu'elle est précisément sa place dans le cours des événements qui se jouent en RDC. Une place majeure et centrale dans le jeu politique, certes. Mais une place parmi d'autres, tout aussi importantes et plus que jamais complémentaires. Il ne peut ignorer ces forces politiques nouvelles qui émergent, à l'instar de Frédéric Boyenga Bofala, dont nous avons relevé la singularité dans le paysage politique congolais. Des hommes qui comme ce dernier ne demandent qu'à exister sans écorcher, sans égratigner et sans déstabiliser. Mais, vu les temps et les dangers, plus les forces qu'incarnent ces hommes seront ignorées, plus elles seront incontournables et plus elles seront radicales. La nature singulière de la crise congolaise finira bien par réunir toutes ses aspirations nouvelles dans un grand mouvement national, un mouvement historique pour le Congo. Un mouvement national pour plus d'ordre, de cohérence et de Justice et de stabilité.

C'est vers cette perspective précisément que nous conduit progressivement cette volonté émergente émancipatrice pour le Congo Zaïre de demain. Elle porte de plus en plus consciemment une ambition clairement affirmée de paix et de liberté pour le peuple congolais. Une vision réaliste, solide et progressiste de l'avenir qui ne prend parti que pour la seule et noble cause dont elle se revendique : «c'est la réappropriation, la sécurisation et la sauvegarde de l'intégrité de notre espace territorial vital proportionné à la grandeur de notre pays le Congo–Zaïre, c'est la liberté et l'indépendance de notre peuple, c'est le rétablissement de l'honneur de la nation congolaise ... »(Frédéric Boyenga Bofala, Au nom du Congo-Zaïre, p. 6, Ed. Publisud ; http://www.boyengabofala.com/index.php?q=au-nom-du-congo-zaire/en-memoir...)
Dans les couloirs feutrés de certaines chancelleries africaines, occidentales, et même internationales, là où certains observent avec attention et fébrilité les évènements sans toutefois disposer des leviers adéquats - et qui peux d'ailleurs réellement se vanter d'en disposer pleinement - pour en maîtriser réellement le cours, notre analyse et notre pressentiment semblent largement partagés. La vision d'avenir constructive et cohérente qu'apportent en réponse à la crise congolaise les propositions contenues dans l'ouvrage de Frédéric Boyenga Bofala a séduit à plus d'un titre. Certains chefs d'Etat et diplomates s'y pencheraient d'ailleurs avec intérêts, entrevoyant enfin une solution globale à la stabilisation effective de la région des Grands lacs et à l'arrêt des massacres humains. Bien sûr, il y aura toujours une petite minorité qui demeurera attachée à sa macabre et lucrative entreprise en RDC et qui par conséquent restera réfractaire à toute perspective d'émancipation de la RDC. Cette minorité ne renoncera jamais à sa capacité de nuisance mais elle ne pourra pas arrêter le cours de l'histoire au risque de s'en marginaliser définitivement. Elle nage elle aussi à contre-courant et travaille sans le savoir pour une gloire dont elle ne goûtera jamais les fruits.

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